Fonds de retraite : quelle stratégie d’investissement choisir ?
A l’approche de la retraite, les assurés ont pour la plupart le choix entre deux formes de revenus disponibles : la rente ou le capital. La rente permet de bénéficier d’un revenu versé à vie, qui viendra compléter les retraites de base, alors que la sortie en capital est généralement effectuée en un seul paiement. Pour faire son choix et bénéficier du meilleur retour sur investissement sans prendre (trop) de risques, tout est question de timing.
Le système de retraite varie d’un pays à l’autre. Mais en général, une chose est sûre : la retraite de base suffit rarement à un retraité, qui doit le plus souvent protéger ses arrières par des moyens complémentaires. Les Américains cotisent ainsi à des fonds de retraite professionnels, souscrits grâce à leur entreprise. En Europe, les assurés ont souvent la chance d’être mieux servis par le système de retraite en vigueur. Partout cependant, la crise financière a eu un impact négatif non négligeable sur les sociétés d’investissement à capital variable, considérées comme une option d’investissement trop risquée depuis 2008.
Ainsi, pour faire le bon choix et bien financer sa retraite, il est de plus en plus nécessaire de faire preuve d’un vrai savoir-faire, quel que soit le type de fonds et d’épargne privée envisagé. Au-delà du risque basique de mortalité, de nombreux facteurs sont à prendre en compte qu’il s’agisse de la fiscalité, des conditions de souscription ou encore de l’évaluation à effectuer en fonction de ses besoins personnels. Plus facile à dire qu’à faire quand il est question de sélectionner le dispositif le plus avantageux et d’estimer le meilleur retour sur investissement.
De l’accumulation du capital à la consommation
Tout individu souhaitant se lancer dans une démarche d’investissement connaîtra deux phases : une phase « d’accumulation », pendant laquelle il s’agit d’économiser au sein d’un fonds actions et/ou obligations et, selon l’état du marché, de générer des dividendes sur le montant économisé ainsi qu’une phase de « consommation » : à savoir le moment décisif où l’on touche l’argent économisé, auquel s’ajoutent les intérêts générés par l’investissement. C’est lors de cette 2ème phase qu’il conviendra d’obtenir le meilleur profit et le meilleur retour sur investissement possible, en vue de bénéficier de la protection financière nécessaire une fois à la retraite.
Le timing est donc clé lorsqu’il s’agit de se constituer un complément de retraite pour compléter les pensions de plus en plus rabotées des régimes obligatoires. Non seulement il faut penser de plus en plus jeune à mettre en place un plan d’investissement, mais il faut également savoir à quel moment – et comment – en sortir. Car il serait dommage de ne pas pouvoir consommer l’argent économisé et les intérêts générés.
Retraite : en avoir pour son argent
En matière de retraite, une bonne stratégie d’investissement comporte un défi supplémentaire : de savoir quelle sera la valeur réelle de l’argent économisé une fois converti en revenu annuel à l’heure de la retraite. L’utilité économique d’un fonds est, en effet, très difficile à prédire. C’est pour cette raison que les investisseurs devraient réfléchir davantage en termes de Valeur Actuelle Nette (VAN), prenant en compte le facteur de mortalité, plutôt que d’essayer de deviner ce qu’une pension bloquée pourra générer dans x années.
Dividendes : des limites à fixer
Les variables susceptibles d’affecter la performance d’un fonds, et donc le bon moment pour le toucher ou pour le convertir en annuités, sont donc nombreuses. Forts de ce constat, les investisseurs devraient envisager de mettre en place une limite haute et une limite basse sur les dividendes dont ils doivent bénéficier, puis d’agir en conséquence. En d’autres termes, si le fonds rapporte peu de dividendes, il devrait être touché quand la valeur de marché est supérieure à un certain niveau qui baissera avec le temps. Si, au contraire, le rendement des fonds est élevé, l’investisseur devrait uniquement envisager de le convertir en rente une fois qu’il sera tombé sous un certain seuil, qui, lui, augmentera avec le temps.
Dans tous les cas, le but reste le même : capitaliser sur des économies et consommer des dividendes afin de ne se retrouver dans une situation de pauvreté à l’heure de la retraite et, idéalement, vivre confortablement grâce à une stratégie d’investissement saine et pérenne.
Retraite et investissement : une réflexion nécessaire
Pas de doute, cette réflexion découragera certainement les futurs retraités qui ne souhaitent pas s’engager dans un processus stressant de gestion d’un fonds de pension. Cependant, être conscient des dynamiques d’un investissement, notamment en phase d’accumulation, est essentiel pour se trouver dans le bon timing et sécuriser son futur.
Quel que soit le scénario d’investissement que vous choisirez, il n’a jamais été plus important pour les assurés de garder un oeil non seulement sur l’échéance de leur retraite, mais aussi sur le revenu anticipé avec lequel ils vont devoir vivre jusqu’à la fin de leur vie.
Donatien Hainaut est professeur associé de finances et de comptabilité à Rennes School of Business. Ses domaines de recherche comprennent les finances quantitatives, la gestion du risque, la politique de prix des produits financiers et d’assurances dérivés et la gestion des responsables d’actifs.
Griselda Deelstra est professeur de mathématiques à l’Université libre de Bruxelles. Elle s’intéresse tout particulièrement à la modélisation stochastique en finances et assurances, et notamment à la gestion responsable d’actifs, à la modélisation et à la mesure des risques, ainsi qu’à la politique de prix et à la couverture des risques.