Fonds de retraite : comment sécuriser son futur en temps incertains ?
Le monde de l’épargne retraite évolue. Entre fonds publics et plans privés, les futurs retraités ont désormais le choix entre de nombreuses possibilités pour financer leur retraite. Quel que soit leur décision, elle doit reposer sur une réflexion aboutie en termes de timing et de rémunération.
Il est cependant difficile d’estimer l’impact potentiel d’un climat économique instable sur la performance des fonds de pension, des risques de liquidités, des retards potentiels et de l’éventuelle irrégularité des paiements. Un nouveau modèle émerge, pour aider les cotisants à minimiser le coût de la contribution à leur plan de retraite et garantir une valeur de fond aussi proche que possible des prévisions originales.
Les fonds de pension se répartissent actuellement en deux catégories, en fonction de leurs risques potentiels et des bénéfices dégagés. Il y a d’une part les schémas reposant sur les cotisations définies, et d’autre part ceux reposant sur les prestations définies. Dans le cas des schémas reposant sur l’apport, le risque financier est couvert par le bénéficiaire, et les bénéfices potentiels dépendent de la performance des actifs investis, généralement composés d’une combinaison d’actions et d’obligations. C’est l’option la plus couramment retenue, puisqu’elle garantit un niveau d’assurance plus important. Dans le cas des schémas reposant sur les prestations, la compagnie d’assurances couvre tout risque potentiel, et la performance est indépendante de la rémunération générée par les actifs. Dans ce cas, il est primordial que l’entreprise porteuse du fonds assure une répartition correcte de ses versements dans le temps.
Ces deux options privées présentent un point en commun : le temps en avance auquel les paiements sont effectués. Pour faire simple, plus les contributions s’étalent dans le temps, plus les gains potentiels sont élevés. Cependant, c’est le plan avec revenu défini qui a le plus intéressé les chercheurs et les entreprises qui prennent en charge le fonds de retraite de leurs salariés. En réalité, la fluctuation des marchés aura forcément un impact sur ces fonds. Il est donc primordial que les contributions soient payées à des moments estimés avec précision, afin de s’assurer que la réserve mathématique définie à l’origine soit suffisante pour couvrir toute dette potentielle. C’est là que la recherche a jusqu’à présent échoué à s’occuper de ces deux variables : la planification des contributions et la volatilité du marché.
Un investissement impulsif mais contrôlé
Jusqu’à présent, l’analyse des plans à revenus définis a reposé sur l’hypothèse selon laquelle les paiements sont effectués de manière continue ou à des intervalles réguliers. Dans un contexte de stabilité économique totale, dépourvue de changement, ce serait en effet tout à fait possible. Mais, on le sait, c’est loin d’être le cas aujourd’hui. En outre, les coûts des transactions impliqués par de tels plans ne sont pas du tout pris en compte.
Dans le climat économique actuel, les cycles économiques fluctuants imposent aux compagnies d’assurances d’identifier et de choisir le bon moment. Elles doivent également être en mesure d’apporter leur contribution pour compenser l’augmentation des charges liées au départ en retraite des employés et limiter les écarts des fonds par rapport à la réserve initiale. Ainsi, la planification et le montant rémunéré vont dépendre de la performance de la combinaison entre actions et obligations, leur proportion respective étant établie dans le mandat de gestion formalisant le lien entre la compagnie d’assurance et le fonds de pension. Il est donc d’une importance capitale de mesurer le timing et les facteurs associés avant de lancer l’investissement.
Un modèle d’anticipation du changement
Un modèle mathématique conçu récemment intègre plusieurs facteurs clés dans l’équation : l’existence de cycles économiques fluctuants, les coûts de transaction, les risques de liquidité (lorsque la décision d’acheter ou de vendre affecte la valeur des actions), les retards potentiels entre le besoin d’apport et l’achat effectif d’actifs et la probabilité de l’achat.
La clé de ce modèle : définir le meilleur intérêt possible entre la compagnie d’assurances et le futur retraité qui va retirer à un moment donné son fonds de pension privé. L’objectif : minimiser le coût des contributions au financement, garantir une valeur du plan de retraite aussi proche que possible des prévisions d’origine, et bénéficier du plan le plus lucratif possible à la retraite. Les compagnies d’assurances ont plus que jamais besoin d’un modèle pour les accompagner dans l’optimisation de la planification d’un plan de retraite, ainsi que dans la définition du volume des contributions dont elles devront s’acquitter dans le cadre d’un plan de retraite à la rémunération définie.
L’article s’inspire de la publication “Gestion de la rémunération des fonds de retraite dans une économie fluctuante”, de Donatien Hainaut dans le “European Journal of Operational Research” (239, 2014).
Donatien Hainaut est professeur associé à Rennes School of Business. Ses domaines de recherche comprennent la finance quantitative, la gestion du risque, la politique de prix des produits de finances et d’assurances, et la gestion actifs-passifs.